Le brochet XXL fascine tous les pêcheurs de carnassiers. Poisson mythique, prédateur ultime de nos eaux douces, il incarne la puissance, la patience et la récompense ultime d’une pêche réfléchie.
Mais toucher un brochet de plus d’1,10 m ne relève pas du hasard. Cela demande une compréhension fine du comportement, des choix techniques assumés et une capacité à sortir des schémas classiques.
Voici les clés pour cibler les gros spécimens, ceux que l’on ne croise qu’une ou deux fois dans une carrière de pêcheur.
Contrairement aux brochets “standards”, les très gros sujets ont un comportement bien distinct :
ils se déplacent peu,
ils chassent rarement,
ils ciblent de grosses proies,
ils occupent des postes précis et stables.
Un gros brochet est souvent territorial, dominant un secteur riche en nourriture. Il préfère économiser son énergie et attendre l’erreur d’une proie plutôt que de poursuivre frénétiquement.
C’est pour cette raison que les animations rapides et répétitives sont souvent inefficaces sur ces poissons.
Les très gros brochets ne sont pas répartis au hasard. On les retrouve principalement :
dans les grands lacs profonds,
sur les zones peu pêchées,
près des cassures majeures,
à proximité des bancs de poissons fourrage,
sur des postes isolés (bois noyés, herbier unique, pointe rocheuse).
En hiver, ils se positionnent souvent entre 6 et 12 mètres, à proximité immédiate des zones de passage des poissons blancs.
En automne, ils peuvent remonter sur des plateaux riches… mais uniquement à des moments précis.

Cibler un poisson record implique d’assumer des choix forts.
Le matériel doit permettre de propulser de gros leurres, tout en conservant contrôle et sécurité.
Moulinets robustes, ratio modéré pour les animations lentes
Tresse forte (PE 2 à 4 selon environnement)
Bas de ligne titane ou acier, non négociable, ou fluorocarbone en 90/100 minimum !
Ces gros poissons ne chassent pas souvent, mais quand ils le font, ils visent gros.
Les leurres les plus efficaces sont donc :
Swimbaits articulés de 20 à 30 cm
Glidebaits à déplacement latéral lent
Soft swimbaits volumineux à faible vibration
Jerkbaits silencieux pour les poissons méfiants
Les coloris naturels dominent : perche, gardon, brème.
Mais comme sur les petits prédateurs, les coloris flashys sortent parfois du lot : firetiger, orange, jaune uv.
La règle d’or pour les géants : ralentir.
Une animation efficace repose sur :
de longues pauses,
des déplacements amples,
une nage fluide et réaliste,
des changements de rythme subtils.
Très souvent, l’attaque survient à l’arrêt, quand le leurre semble vulnérable.
Le brochet observe, suit… puis décide. Si tu pêches trop vite, tu passes souvent à côté.
Sur les brochets les plus éduqués, ceux qui ont déjà vu passer des dizaines de leurres, l’usage d’un attractant naturel peut devenir un véritable atout. C’est particulièrement vrai en eau froide ou sur des secteurs très fréquentés, où les poissons se montrent hésitants et suivent longuement sans attaquer.
L’attractant ne sert pas à attirer le brochet de loin, mais plutôt à le rassurer au moment décisif. En imprégnant le leurre d’une odeur familière, on prolonge souvent la prise en gueule, on limite le rejet immédiat et l’on gagne ces précieuses fractions de seconde qui font toute la différence au ferrage.
Les attractants à base de poisson, comme l’éperlan ou la sardine, restent les plus cohérents avec le régime alimentaire des gros brochets. Utilisés avec parcimonie, ils renforcent le réalisme du leurre sans en perturber la nage, et peuvent transformer un simple suivi en attaque.

Les brochets XXL ne sont pas des poissons constamment actifs. Bien au contraire, leurs phases d’alimentation sont souvent courtes, parfois très brèves, mais extrêmement marquées. C’est pourquoi le timing joue un rôle déterminant dans la quête des gros sujets.
Certaines conditions déclenchent ces fenêtres d’activité tant recherchées : une chute brutale de la pression atmosphérique, un redoux en plein cœur de l’hiver, ou encore des vents soutenus suivis d’un retour au calme. Les périodes précédant la reproduction sont également propices, les gros brochets se montrant alors plus opportunistes.
Dans cette approche, mieux vaut privilégier une sortie parfaitement placée qu’enchaîner les sessions au hasard. Une seule fenêtre bien exploitée peut suffire à provoquer la rencontre avec le poisson d’une vie.
Traquer ce genre de poisson, c’est accepter une pêche de patience et de conviction.
Moins de touches, mais des émotions incomparables.
C’est une pêche où chaque détail compte : poste, profondeur, vitesse, leurre, timing.
Si tu rêves du poisson d’une vie, celui qui marque une carrière de pêcheur, alors prends le temps de comprendre les géants… et pêche pour un seul poisson, pas pour le nombre.
Thomas Laforet est conseiller technique pêche chez Pecheur.com, spécialisé dans la pêche des carnassiers.
Thomas Laforet